Mer

Pieds nus dans le sable, je me suis perdu quelque part entre le fracas des vagues et l’horizon.
L’immense horizon...
Je me baisse chaque fois qu’une coquille attire mon regard. Le plus souvent, ce sont des coquilles St. Jacques. De temps à autre, une huître, dont la fine couche de nickel reluit sous la lumière du soleil, capte mon attention. Il n’y a personne sur la plage, et c’est précisément cela qui rend toute cette complexité d’informations un véritable acte d’amour envers moi-même.

Chaque fois que je viens sur cette plage, je lui dis adieu comme si c’était la dernière fois que je la verrais, ce qui me surprend, car c’est la seule plage que je fréquente. Peut-être est-ce une manière pour mon subconscient de dire adieu à ce sentiment... Quel sentiment ? Je pourrais le décrire de plusieurs façons, et pourtant, je doute d’en rendre l’essence claire au lecteur. Il se situe quelque part… entre l’euphorie d’une drogue stimulante et la solitude que la Saudade nous offre.

Je crois que c’est pour une raison quelconque qu’on appelle cela "la paix intérieure"... Mais non, ce n’est pas non plus le mot que je recherche.
J’ai moi-même surnommé ce sentiment "mer", pour sa ressemblance avec l’océan. "Mer" est complexe, tout comme la mer. Il vient par vagues et s’écrase sur les falaises de ma psyché. Il vient, calme, et par brefs instants, se révolte, se levant en un mur d’eau imposant.

L’air a un arrière-goût de brise marine, une odeur de sel. Je suis alors tiré de mon "rêve maritime" par le cri rauque d’une mouette adulte, perchée à quelques pas de moi. Soleil de courte durée... Elle s’est envolée presque aussitôt, en direction du mur artificiel de pierres. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi ces structures de pierre avaient été construites. Peut-être pour empêcher la mer de dévorer la terre.

Cela fait un an que je n’étais pas venu sur cette plage, et depuis, rien n’a changé, si ce n’est l’avancée claire de la mer par rapport à l’année précédente. Elle est maintenant dangereusement proche des dunes.

Je me laisse emporter dans mes pensées...
Quand je m’en rends compte, je suis déjà en plein songe. Je replonge dans cet état extatique, et soudain…
Je suis retourné me fondre dans la Mer.

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